HIT THE ROAD, JACK

Pour la plupart des gens – en Europe – les vacances sont bien terminés, terminés la plage ou la montagne, les escapades en bateau ou les randonnées, les nuits sous la tente ou la grasse matinée au relais château. Alors pour ne pas déprimer et parce que la joie anticipée fait du bien, voici un conseil pour planifier votre prochain voyage.

En supposant qu’en tant de lecteurs de ce blog vous vous intéressez donc à l’environnement et que des actions citoyennes vous parlent, je vous invite de consulter une carte un peu particulière: « Plan your trip » est une carte qui recense des actions de « clean up »(nettoyage) dans le monde. Vous pouvez donc découvrir un pays nouveau (ou revoir un que vous aimez bien), rencontrer des gens engagés et les aider à ramasser les déchets! Pour cela vous aurez le choix entre l’Albanie et le Brésil, la Slovénie et la Tunisie, Hawaï, l’Indonésie ou le Japon, le Nigeria ou la Suède….

Cette carte est l’œuvre de deux Suisses, Elisabeth Tricot et Nicolas Gluzman, tous les deux passionnés par les voyages, aimant la nature et souhaitant préserver la beauté des sites. L’événement qui a donné naissance à leur projet, était un voyage en Indonésie où ils ont découvert un jour une rivière dévastée par les rebuts de notre société moderne: sacs de plastique, bouteilles, boîtes de conserves etc. Une semaine plus tard c’était un nouveau choc de voir dans un parc naturel un singe jouer avec une bouteille en plastique. Ils ont demandé au gardien un sac et en quelques minutes il était rempli à ras bord de détritus… Alors si eux pouvaient le faire pourquoi d’autres voyageurs ne suivraient pas cet exemple? Pourquoi ne pas inciter les touristes de participer à la sauvegarde des lieux qu’ils visitent? En parlant avec d’autres voyageurs, ils ont vu leurs préoccupations largement partagées. Pourtant la plupart des gens ne passent jamais à l’acte. Pourquoi? Tout simplement parce qu’ils ne sont pas équipés, n’ont pas de sac vide sous la main, pas de gants, ne savaient pas où déposer les ordures collectées, bref pour des questions de logistique de base. En bons Suisses pragmatiques ils Elisabeth et Nicolas ont donc mis en route un projet qui devra prendre de ‘envergure à fur et à mesure: inviter des groupes de citoyens du monde entier engagés à inscrire leurs actions sur la fameuse carte et proposer aux voyageurs de se joindre à eux lors d’un séjour – la motivation ne sera plus entravée par la logistique!

Première étape: créer une communauté via leur site Web « My green trip » et leur page Facebook et Instagram, puis développer les outils internet et les applications et trouver des partenaires.

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Ce que vous pouvez déjà faire: adhérer à la communauté et faire connaître le projet, inscrire les actions que vous organisez, participer lors d’un voyage à un nettoyage local – et pour les très motivés et cadors de l’informatique aider à développer les outils numériques.

Alors, bon voyage et j’attends vos photos de nettoyages lointains!

12.000 CITOYENS LANCENT UN DÉFI

Un groupe de citoyens tunisiens excédés par l’incurie des pouvoirs publics, a décidé de lancer au nom de tous les mécontents un défi aux municipalités.

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De plus en plus de gens ont assez de voir déchets et détritus qui jonchent les rues et les campagnes et des dégradations des espaces publics restant sans réponse de la part des politiques. Ce laisser aller ne nuit pas seulement au bien-être des habitants mais est  à leurs yeux – et ils ont certainement raison – aussi dommageable pour le tourisme qui reste un des piliers de l’économie tunisienne.

Le groupe « On a été embêté pour vous » (OAEEPV) organise depuis plusieurs années déjà des campagnes de nettoyage de rues et de jardins publics avec des bénévoles et connait donc bien ce sujet. Ils savent surtout qu’il y a des problèmes dont la solution dépasse les possibilités d’un collectif citoyen et qui doivent être pris en main par les pouvoirs publics:

le laisser-aller dans l’application des lois contre les infractions et les négligences
les problèmes de parcs d’engins mal entretenus
le laxisme vis-à-vis de ceux qui déposent les gravats de chantier partout alors qu’ils sont facilement identifiés et dénoncés par les riverains
les horaires de levée des ordures variables et non communiqués aux riverains
le nombre insuffisant de bennes partout
l’absence d’entretien et de vigilance après les actions de nettoyage par les citoyens

A la fin de chaque mois un jury composé de membres du groupe OAEEPV décernera trois prix par gouvernorat à des municipalités qui ont relevé le challenge et peuvent, photo avant/après à l’appui, montrer ce qu’elles ont réussi à faire. Leurs actions seront évaluées et publiées sur la page Facebook de Tunisie – Challenge des Municipalités.

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On suivra de près cette action qui pourrait tout à fait être mise en place en France également!!

ACTION PLAGE PROPRE

Au Maroc aussi on se rend compte qu’une plage n’est pas une poubelle….

Actuellement un projet de crowdfunding est lancé pour installer sur la plage de Taghazout, destination prisée par les surfeurs, une centaine de poubelles et pour financer un film documentaire pour éveiller les consciences.

A Taghazout se déroule chaque année début janvier le « Roots Surf Fest » (cette année c’était la 3 édition). Sur le programme surf, évidemment, musique mais aussi forums et débats et surtout un grand nettoyage des plages. L’exemple est « I Love My Beach » organisé par la Surfrider Foundation Maroc au cours duquel les bénévoles ont remplis en 2015 12.000 sacs ce qui équivaut au ramassage d’environ 117 tonnes de déchets! L’association est très active au Maroc par exemple en incitant des associations locaux à organiser des événements semblables autour des déchets, à planter des arbres ou à intervenir dans les écoles pour informer sur la pollution et enseigner les bon réflexes du tri.

Pour soutenir les amis de l’autre côté de notre Méditerranée, n’hésitez donc pas à donner quelques sous à leur projet!

L’EFFET MAGUFULI

Les actions du nouveau président de Tanzanie, John Magufuli, au pouvoir depuis ce novembre, enthousiasment (et amusent) pas seulement la population de son pays mais aussi celles d’autres états africains.

Décidé à lutter contre la corruption et le gaspillage de l’argent public Monsieur le président n’a pas seulement strictement limité les déplacements des membres de son gouvernement et interdit les billets en classe d’affaire, il tient ses réunions désormais dans des bâtiments publics au lieu des hôtels de luxe. Terminées aussi les somptueuses fêtes pour célébrer le 9 décembre l’indépendance du pays et leurs défilés militaires. Pour les remplacer John Magufuli a invité ses compatriotes à…. ramasser les ordures dans les espaces publics.

Travaillons ensemble pour garder notre pays, nos villes, nos maisons et nos lieux de travail propres!

Tel était le message du président en se retroussant les manches pour ramasser personnellement à la main feuilles mortes et détritus autour du marché aux poissons de Dar-es-Salaam. Son prédécesseur, Jakaya Kikwete, qui se dit très fier de son successeur, n’a pas chômé non plus et a balayé dans sa ville natale, Chalinze.

Les efforts de Magufuli sont appréciés – même si la twittosphère se moque gentiment de ses mesures d’économie sous le hashtag #WhatwouldMagufulido (que ferait Magufuli à ma place) – car l’argent économisé sera investi dans les infrastructures, les aides sociales et la lutte contre la choléra.

Chapeau M Magufuli!

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MAKE ART NOT WAR

Les armes ne sont pas qu’un danger quand ils sont utilisées mais il restent un problème grave même une fois déposées. Le Mozambique en est une preuve.

Pays sur la côté est de l’Afrique, cette ancienne colonie portugaise a connue des longues années d’une guerre civile meurtrière. Après 16 ans de violences le Mozambique a doucement commencé à se remettre à partir des années 1992. Il reste un des pays les plus pauvres et le moins développés dont l’économie reste entre les mains d’une minorité, avec un faible taux d’éducation et des problèmes de santé liés au SIDA. Mais le pays commence à s’en sortir – avec une croissance  annuelle de 7% – et c’est le tourisme qui pourrait ouvrir une nouvelle voie grâce à des plages de rêve, une population qui aime faire la fête et des parcs naturels.

Petit aparté: même après la fin de la guerre les massacres des animaux ont continué même dans les parcs existants. Au début des années 2000 90% des animaux sauvages dans le parc de Gorongosa avaient été exterminés… C’est grâce aux efforts d’un philanthrope américain, Greg Carr, qui a via sa fondation investi 40 millions de dollars pendant une trentaine d’années que le parc est aujourd’hui à nouveau peuplé de sa faune et flore extraordinaire.

Des artistes contemporains comme Goncalo Mabunda puisent leurs inspirations dans leurs souvenirs de la guerre tout en se servant de ses reliquats. Pour ses sculptures il utilise toutes sortes d’équipements militaires: armes, mines antipersonnelles, lance roquettes… Ses œuvres ont été présentées à la dernière biennale de Venise et sont recherchées par collectionneurs et galeries.

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Le CCM – Christian Council of Mozambique – collectionne de son côté des armes légers dans les églises en échange contre des produits quotidiens utiles: machines à coudre, charrues, vélos… inspiré par le verset de la Bible qui dit (Isaïe 2/4):

De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.

Un groupe a ainsi rendu 500 fusils trouvés dans une décharge militaire et ont reçu en contrepartie un tracteur tandis que les armes sont transformées en œuvres artistiques vendues sur internet.

Les décharges militaires sont un problème extrêmement préoccupant. En 2007 une immense explosion à Malhazine, une décharge où rouillaient des missiles et des explosives sans aucune surveillance ou précaution, a fait une centaine de morts et des nombreux blessés dans un périmètre qui allait jusqu’au centre ville de Maputo. C’est grâce à la collaboration avec la merveilleuse association « Apopo » et ses « Herorats » que cette décharge sera bientôt nettoyé. 76.647m2 sont déjà déminés et 4.550 explosifs détruits. L’objectif est, une fois la décharge déclaré sans danger, de la transformer dans un parc naturel. Si vous voulez savoir plus sur cette action, regardez ici.

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P.S. Vous pouvez d’ailleurs parrainer un rat et ainsi participer à sauver des vies de civils (surtout des enfants!) dans plusieurs pays où Apopo intervient avec ses rats en tant que démineurs ou en renifleurs de tuberculose! C’est aussi un merveilleux cadeau de Noël pour ceux qui ont déjà tout!!

1000 KM À PIED, ÇA USE, ÇA USE….

Eh oui ça use les chaussures et les gambettes et encore plus si l’on tire une poubelle derrière soi!

Relier Puyricard et Paris à pied, c’était le pari (un peu fou) de Lola Orsoni et Hervé Pighiera (alias « Poubelman ») mais c’est surtout un acte citoyen fort en amont de la COP21. Ils ont parcouru toute la distance à pied car « c’est le mode de déplacement le plus naturel« . Aller à pied ça veut aussi dire être plus attentif à son environnement, regarder autour de soi – et s’en apercevoir des déchets qui jonchent les bords de routes, du petit sentier à l’autoroute…. Hervé c’est donc doté d’une grande poubelle et a ramassé pendant tout son trajet ce que d’autres ont abandonné. Enfin pas tout tout car même un bon gars de 90kg ne serait pas capable de traîner tout un train de poubelles nécessaires pour engloutir toutes les immondices.

Une fois les déchets ramassés, ils sont triés par matériaux (métal, plastique recyclable, verre, papier/carton…) et par type (paquets de cigarettes, mégots, déchets dangereux…) et ensuite il ne reste qu’à trouver les poubelles de tri adéquates pour s’y délester et recommencer.

Le 3 octobre les valeureux marcheurs-ramasseurs sont arrivés à Paris sous un ciel bleu sans nuages, après une dernière étape de 18,5 km et un « butin » de 1.605 déchets, l’équivalent de 21,25 kg!

Tout le périple a pu être suivi via le blog sur http://unemarchepourlenvironnement.com/ et Facebook https://www.facebook.com/unemarchepourlenvironnement et a été jalonné par des belles rencontres. Des inconnus ont soutenu le projet en offrant d’accompagner les marcheurs mais aussi en proposant des gâteaux, un gîte, un café, voire des déchets ramassés à droite et à gauche.

N’hésitez pas à lire le récit des différentes étapes et à vous informer plus en détail sur l’association « Puypuy’net » qui essaie de sensibiliser les enfants et le grand public aux problématiques environnementales.

OCEAN DEEP MOUNTAIN HIGH

On parle souvent de la pollution des océans par nos déchets mais un peu moins de celle de la montagne qui pourtant existe bel et bien (pour ne pas dire moche et mal!)

Lancée en 2001 par l’association Mountain Riders, l’édition 2015 a permis de ramasser 51 tonnes de déchets sur les pistes, les sentiers de randonnée, au bord des torrents ou encore autour des remontées mécaniques. 104 équipes de ramassage ont réuni plus de 56.000 bénévoles en 2015. Chaque équipe a « récolté » environ 480 kg en moyenne sur les pentes des montagnes françaises.

Les Mountain Days sont organisés deux fois chaque année, en mai et en septembre, pour sensibiliser, en collaboration avec des associations qui s’engagent pendant toute l’année, les usagers de la montagne, des écoliers aux retraités, à la problématique de l’environnement.

Plus de 20 millions de personnes se baladent chaque année dans les paysages splendides qu’offrent les montagnes: touristes, habitants, sportifs et professionnels – et c’est à chacun de prendre conscience que chaque geste compte.

N’hésitez pas à vous informer plus précisément sur les actions près de chez vous et sur toutes les actions des Mountain Riders via leur site http://www.mountain-riders.org/index.php et plus précisément sur les Mountain Days (dates et lieux) ici http://mountain-days.org/accueil.html

 

SELFIE AVEC DÉCHET

« Made in Marseille » (http://madeinmarseille.net/) présente chaque semaine un portrait publié par le groupe Facebook « Humans of Marseille »  qui à son tour donne la parole à une personne au hasard des rencontres. Une de ces personnes présentées est le néo-Marseillais, Edmund Platt.

Originaire de Leeds en Angleterre il est arrivé à Marseille en 2011.

Tous mes amis qui n’avaient jamais mis les pieds dans la ville me demandaient : « Mais pourquoi Marseille ? » et je leurs répondais sarcastiquement : « C’est une ville sale et je suis un sale mec », avant de leur envoyer des selfies depuis les endroits les plus beaux de la ville.

On ne peut pas le contredire en ce qui concerne l’état de propreté de la ville. Face à cette situation, Edmund a décidé de lancer un mouvement qui incite les gens à ramasser chaque jour (au moins) un déchet dans la rue, de se prendre en photo et le poster ensuite sur Facebook, Twitter ou Instagram avec le hashtag #1pieceofrubbish ou #1déchetparjour.

Le mouvement « 1 piece of rubbish » (1 déchet par jour) connait un succès grandissant et rassemble déjà plus de 1200 fans sur son groupe Facebook. Edmund Platt a su capter l’esprit de notre époque – la « folie » du selfie et l’envie du citoyen de faire concrètement quelque chose – pour transformer un geste souvent un peu méprisé en acte tendance et branché.

QUAND LES RÉFUGIÉS DONNENT L’EXEMPLE

Ce dimanche, munies de gants et de sacs en plastique, des familles syriennes ont nettoyé les alentours des immeubles, rue d’Oran, à la Devèze. « Nous tenons absolument à ce que ce soit propre, explique Fadi, un des réfugiés. C’est pas logique qu’il y ait autant de saletés et ce n’est pas sain pour les enfants. » Entre les lignes, Omar Khatiri, de l’association Cultures solidaires apporte des précisions : « C’était déjà sale avant qu’ils arrivent mais on a l’impression que ça a empiré, on ne sait pas pourquoi. Ils utilisent les containers mais des déchets déposés se retrouvent à nouveau sur le parking… »

Une voisine aurait tenté de dissuader les bonnes volontés, arguant que ce n’était pas à eux de s’occuper de la propreté des communs mais : « Ils souhaitent prévenir tout problème de voisinage », souligne le militant associatif. Côté bilan, plusieurs sacs bien garnis et : « Nous avons trouvé deux rats morts et débouché des égouts, il y a vraiment des lacunes en terme d’hygiène et de sécurité », rapporte Linda, de la même association. Et personne pour filmer !

(Midi Libre, 5 octobre 2015)