LE TRI À LA ROMAINE

Si l’on parle du problème des déchets en Italie, tous les regards se tournent généralement vers Naples. Mais Rome, capitale éternelle, connait aussi des déboires dans ce secteur. 5 million de déchets sont chaque jour produit et une bonne partie se trouve abandonnée dans les rues. Le ramassage des poubelles connait des défaillances et la conscience de la population concernant le tri est très peu développée. Rome se situe sur ce point tout en bas de la liste des villes italiennes. « Io lavoro » – je travaille – répond par exemple une femme dans cette vidéo à la question pourquoi elle ne trie pas, une jeune fille n’arrête pas à parler dans son téléphone avant de lancer qu’elle n’a rien à cirer de l’environnement tandis que les commerçants se renvoient la balle confrontés à des cagettes qui ne peuvent que venir d’un d’eux. Le constat est plutôt accablant….
Il n’est donc pas étonnant que parmi les grands dossiers auxquels la toute nouvelle mairesse de Rome, Virginia Raggi, a promis de s’attaquer figure le problème des déchets qui ternissent l’image de la ville et exaspèrent les habitants.

JOYEUX RECYCLAGE!

Avec le début de l’année fleurissent les bonnes résolutions. Après avoir essayé d’offrir des cadeaux éco-responsables, voilà maintenant un petit coup de main pour les bonnes intentions qui devraient faire de 2016 une année (presque) zéro déchets.

Les Parisiens ont de la chance car c’est « Les joyeux recycleurs » qui leur offrent des sympathiques boîtes de tri pour leurs bureaux et viennent même les chercher régulièrement. Plus besoin à ce que quelqu’un se dévoue à porter bouteilles, cannettes, papiers, dosettes de café, cartouches, piles etc. dans les différents points de recyclage. Et pour un certain volume récupéré par leurs soins, les 5 joyeux garçons- Fabien, Gilles, Emmanuel, Edouard et Dhaneswar – et la joyeuse fille – Servane – versent une petite somme à l’association ARES qui accompagne des personnes en situation de grande exclusion.

« Les joyeux recycleurs » ont été fondés en 2013 par Fabien de Castilla, un multi-diplômé (Paris Dauphine, London Kingston Business School et Sciences Po Paris) et Gilles Rouverand, dîplomé de Paris Dauphine et de l’Université de Québéc qui a travaillé en Suisse et en Chine. Il fait partie du formidable réseau de « Bleu Blanc Zèbre« , le mouvement des initiatives citoyennes fondé par Alexandre Jardin et qui regroupe 200 « Faizeux » c’est à dire des gens qui agissent pour trouver des solutions au lieu de se lamenter sur les problèmes!

Alors, amis parisiens, profitez de l’offre, triez plus et mieux en 2016! Et, s’il vous plaît, chers joyeux recycleurs, venez aussi un peu chez nous, en proviiiiince!

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TERMINATOR À ORAN

Il a été Mr Muscle mais fume des gros cigares, il fait parti des Républicains (américains) mais était mariée à une fille du clan Kennedy, il est d’origine autrichienne mais était gouverneur de la Californie – bref « Schwarzy » est un homme à multiple facettes. « Conservateur sur le plan fiscal, modéré sur le plan social et progressiste sur le plan environnemental » c’est ainsi que  décrit le quotidien du centre gauche, le San Francisco Chronicle, Arnold Schwarzenegger. Parmi ses engagements pour l’environnement il y a une loi pour limiter les émissions de gaz à effet de serre promulguée en 2006 et que l’industrie pétrolière a essayé – en vain – de torpiller. Il y a aussi le lancement d’un programme de formation de jeunes en difficulté aux métiers verts en 2009, le California Green Corps, ou son engagement contre le barrage de Belo Monte en 2011.

Peu de temps avant de quitter ses fonctions de gouverneur  « le Chêne autrichien » a fondé en 2010 l’ONG R20: R comme « Régions » et 20 en allusion au G20. La particularité de cette organisation est d’intervenir au niveau des régions qui lui semblent les mieux placées pour  la mise en pratique d’une économie verte car c’est au niveau des régions que l’on connait le mieux les ressources et problématiques des territoires. Les régions peuvent ainsi passer aux actes sans attendre des (hypothétiques) accords internationaux . Ceci permet aussi des « projets pilotes » qui peuvent ensuite s’appliquer nationalement voire internationalement.

Fidèle à cette idée, R20 a ouvert son bureau méditerranéen en 2013 à Oran pour transformer la ville en « laboratoire » sur trois thématiques: l’économie d’énergie, le développement durable et la valorisation des déchets. C’est le tri sélectif qui a été mis en place en premier. Dans deux quartiers – Haï Akid Lotfiet et la Cité des 1.377 logements AADL – les habitants trient depuis avril 2015 leurs déchets:  dans les conteneurs verts, les déchets organiques, dans les gris à couvercle jaune, les déchets recyclables. Trois autres quartiers ont depuis rejoint le programme.

Bien qu’il soit prématuré pour évaluer l’impact de ce projet-pilote, l’ONG écologique estime que les premiers résultats sont encourageants. “L’un des indicateurs, qui nous permet de savoir si le projet est en train de réussir, c’est la quantité de déchets relevés dans chaque bac. Dans les poubelles grises, on a pu récolter jusqu’à 90% de déchets recyclables”, se réjouit Anes Houari, responsable de la communication de R20 Med. (Algerie-Focus.com)

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L’équipe mise surtout sur la pédagogie et la sensibilisation des habitants tout en s’appuyant sur le soutien du wali d’Oran. Abdelghani Zaalane, qui a été nommé vice-président de R20-Afrique du Nord, a la ferme volonté de développer la ville dOran et d’en faire une vraie métropole méditerranéenne, ouverte et cosmopolite. Cette implication des autorités est indispensable pour avancer dans la protection de l’environnement et porte ses fruits. La wilaya a par exemple mis en place un comité de suivi du tri sélectif et voté un budget de 55 millions de DA, destinés à l’achat de conteneurs collectifs.

Un signe encourageant de la prise de conscience pour la protection de l’environnement par les jeunes était aussi une grande opération de nettoyage à l’île plane cette été ou la mise en place d’une formation de jeunes (souvent de filles) au métier d’écoguides, dont la première promotion compte une trentaine de jeunes gens prêts à faire découvrir – et de protéger – les espaces naturels autour d’Oran!