LES CHIFFONNIERS, GLANEURS NOCTURNES

La chanson de la hotte

Les chiffonniers, glaneurs nocturnes,
Tristes vaincus de maints combats,
Vers minuit quittant leurs grabats,
Dans l’ombre rôdent taciturnes.

La Hotte sur leurs reins courbés
Se dresse altière et triomphante ;
Voici ce que cet osier chante
Sur ces échines de tombés :

« Moi, la Hotte nauséabonde,
Épave où vivent cramponnés
Les parias et les damnés,
L’écume et le rebut du monde,

Fosse commune à tous débris,
Où ce qui fut Hier s’entasse,
En juge, chaque nuit, je passe,
Fatal arbitre du mépris.

À la lueur de sa lanterne,
Mon compagnon qui fouille au tas
Ramasse tout : chiffons, damas,
Sans que sourcille son œil terne ;

Tout ! auréoles de clinquant,
L’honneur vendu, des ailes d’ange ;
On trouve en remuant la fange
Les vertus mises à l’encan ;

Fausses grandeurs, fausses merveilles,
Et tant d’autres choses encor ;
Vieux satin blanc aux trois lis d’or,
Velours vert parsemé d’abeilles.

Dernier et fatal ricochet,
Tout va, tôt ou tard, à la hotte
Du chiffonnier qui dans la crotte
Fouille du bout de son crochet. »

Charles Burdin, Heures noires, Paris : Librairie des bibliophiles, 1876

J’ai trouvé cette chanson tout comme une mine d’informations sur le métier des chiffonniers sur le site du MHEU (Musée historique d’environnement urbain) un fabuleux musée virtuel.

Parmi les informations que j’ai glané sur ce site, il y a aussi des informations sur la plaque que les chiffonniers devaient porter en tant qu’insigne de leur profession. Depuis 1828 ce métier était règlementé par une ordonnance royale et le Préfet de police obligé de délivrer cette « médaille » aux biffins. Autres insignes de leur métier furent un petit balai pour remettre de l’ordre après avoir fouillé un tas d’ordures ainsi qu’une lanterne.

Pour son exposition sur l’économie des ordures (inauguration en mars 2017), le MuCEM a acquis une telle plaque.

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Elle appartenait à un dénommé L.F. Soudé et porte son nom et son numéro d’immatriculation sur une face. Sur l’autre, sont marqués l’année de l’attribution (1850) et des informations sur sa personne et sa physionomie: son âge (50 ans), sa taille (1m64cm), ses cheveux (gris blancs), son front (moyen), ses sourcils (châtaigne), ses yeux (bruns), son nez (moyen), sa bouche (moyenne), sa barbe (grise), son menton (rond) et son visage (ovale). Sans photo, la description donne un aperçu assez clair du porteur de la plaque.

Les plaques – et ainsi l’accès au métier – étaient d’abord accordés aux anciens forçats et repris de justice (ce qui est pour quelque chose dans la mauvaise réputation de la profession) ensuite aux vieillards, aux estropiés, et à tous ceux qui en font la demande quel que soit leur âge.

 

J -2

Encore deux jours pour se ruer sur des sacs en plastique avant qu’ils seront voués à disparaître. Vraiment? Pas si sûr que ça…

Il était une fois une loi avec un beau titre bien ronflant, la « loi relative à la transition énergétique et à la croissance verte » qui a donné naissance le 30 mars 2016 à un petit décret. Et qu’est ce qu’il prévoit ce petit décret? Rien de moins que la fin, la mort, la disparition des sacs plastiques non réutilisables!

D’abord c’est fini avec la mise à disposition des sacs de caisse, ces poignées de sacs généreusement offertes par les gentilles caissières et avidement empochées par pas mal de CONsommateurs. Interdit désormais le vilain sac d’une épaisseur de moins de 50 micromètres (µm), peu importe qu’il soit gratuit ou payant.

Les prochains sur la liste des futurs disparus sont à partir du 1er janvier 2017 les sacs d’emballage que l’on trouve dans des rayons fruits et légumes, chez fromagers ou bouchers.

Mais pour permettre quand même au pauvre consommateur qui n’a toujours pas compris qu’il devrait mettre un filet dans son sac à main, se munir d’un cabas, couffin ou autre panier à remplir son frigo, voilà ce que l’on lui propose comme trouvaille: à coté de sacs en papier, carton ou tissu, des sacs compostables d’une épaisseur supérieure à 50 µm constitués pour tout ou en partie de matières biosourcées (!). La teneur minimum en cette fameuse « matière biosourcée » doit s’élever au début à 30% pour arriver en 2025 à 60% .

Biosourcé… Joli nom pour un concept qui marche sur la tête! Car sac en matière biosourcé veut dire que l’on utilise pour sa fabrication du végétal: pommes de terre, maïs, canne de sucre, manioc… C’est bien! Dans un monde qui a déjà du mal à nourrir une population de plus en plus nombreux on va accaparer des terres agricoles pour faire pousser des plantes pour en fabriquer des sacs jetables!! C’est aussi débile (pardon!) comme l’idée du biocarburant. On va laisser crever des gens de faim pour que les nantis peuvent emporter leurs emplettes dans des sacs en « matière biosourcée » et rouler dans une bagnole qui carbure au biodiesel…

Est-ce qu’il faut rire ou pleurer de ces « innovations »??

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MAROC SANS MIKA

A quelques mois de l’organisation de la COP 22 au Maroc, une loi entre en vigueur pour interdire définitivement l’utilisation de sacs en plastique, les fameux « mika » dont le pays est un de plus grands utilisateurs.

La loi n°77-15 interdisant la fabrication, l’importation, l’exportation, la commercialisation et l’utilisation des sacs en plastique, adoptée en novembre dernier par les deux chambres, entrera en vigueur le 1er juillet 2016. Certains sacs en plastique, comme les sacs de récolte d’ordures ou ceux à usage agricole et industriel continueront de circuler.

Du 24 au 26 juin une grande campagne de ramassage de sacs aura lieu dans le pays entier. « Zéro Mika », lancé par la Coalition marocaine pour la justice climatique vise à sensibiliser la population sur les risques pour l’environnement et donc pour la santé par cette pollution.

En l’absence d’une politique de recyclage efficace, une grande partie de ces sacs se retrouve dans la nature, polluant les sols et s’infiltrant dans les nappes phréatiques au fur et à mesure de leur décomposition », indique la Coalition dans un communiqué. « Outre les conséquences visibles sur l’environnement, les sacs plastiques représentent un danger réel pour la santé humaine à plus d’un titre. Ils comportent en effet un risque chimique, notamment à cause des substances nocives qu’ils contiennent », ajoute-t-elle.

Sur Twitter, Facebook et ailleurs on trouve alors des photos et messages louant cabas et couffins qui ont autrefois très bien remplis la fonction des maudits sacs en plastique. Même le Président du Conseil national des Droits de l’Homme, Driss El-Yazami, prend la pose sur son profil Twitter en brandissant son couffin sous le hashtag #ZeroMika.

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Très actif pour le remplacement des sacs en plastique est une fois de plus l’association des Surfrider Maroc, toujours engagée pour l’environnement et sa préservation.

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Espérons que la France se montre aussi engagée pour supprimer ce fléau!

PIÈGE MORTEL

Il y a un peu moins qu’un an que Sea Shepherd France a lancé son opération « Mare Nostrum » sur la côte marseillaise. Lors d’une première plongée effectuée par des volontaires un premier filet de pêche abandonné – un filet fantôme – de 40 m a été récupéré, puis un deuxième de 300m. Pendant le seul mois de juillet et uniquement dans les eaux marseillaises plus de 1000 m de filets fantômes ont ainsi pu être retirés.

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Déjà en 2009 un rapport des Nations Unies a tiré la sonnette d’alarme en affirmant que les équipements abandonnés dans les océans représentent 10% (soit 640 000 tonnes) des déchets marins. Il est vrai que la plus grande partie des équipements de pêche ne sont pas abandonnés volontairement, mais  perdus lors des tempêtes ou des forts courants ou sont le résultat de « conflits », en ce sens que les équipements et les filets s’emmêlent parfois.

Mais peu importe le pourquoi les filets fantômes se trouvent dans les océans, les conséquences sont désastreuses:

  • la capture continuelle (pêche fantôme) des poissons ou d’autres animaux comme les tortues, les oiseaux de mer, les mammifères marins qui sont piégés et meurent;
  • les altérations du sol sous-marin;
  • les dangers à la navigation: ils peuvent causer des accidents en mer et endommager les bateaux.

Dans le passé, on a surtout pointé du doigt les filets dérivants, mais leur interdiction en 1992 n’a pas améliorer la situation. Aujourd’hui c’est surtout les filets maillants qui provoquent des dégâts.

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L’extrémité de ces filets est ancrée dans la mer alors que les bouchons sont attachés au sommet. Ainsi, ils forment un mur vertical sous la mer qui peut être de 600 à 10 000 mètres. Si un filet maillant est abandonné ou perdu, il peut continuer à pêcher tout seul pendant des mois – parfois, pendant des années – et tuer sans distinction poissons et autres animaux.

A côté de ces filets, les pièges et les nasses sont aussi un danger permanent. Dans la baie de Chesapeake aux Etats-Unis, environ 150 000 pièges à crabes sont perdus chaque année et environ 500 000 sont déployés. Dans l’île des Caraïbes, en Guadeloupe, les 20 000 pièges posés chaque année se perdent lors de la saison des ouragans. Comme les filets à mailles, les pièges peuvent continuer à pêcher tout seuls pendant de longues périodes.

Le rapport de la FAO suggère plusieurs pistes pour améliorer la situation qui menace une faune marine déjà ms en danger par la surpêche, la pollution et le réchauffement climatique:

  • une prime pour encourager les pêcheurs de récupérer leurs propres équipements perdus ou des filets trouvés accidentellement
  • un estampillage des équipements pour mieux comprendre les causes de la perte et mettre en place des mesures préventives
  • l’utilisation de nouvelles technologies (par exemple GPS) pour retrouver les équipements, souvent couteux et ne pas perdus volontairement, ou des matériaux biodégradables
  • une amélioration de la collecte et du recyclage dans les ports
  • l’obligation de consigner tout équipement perdu
  • des campagnes de sensibilisation des pêcheurs et marins à la problématique

« Les solutions à ce problème existent et notre espoir est que ce rapport incite les industries et le gouvernement à prendre des actions visant à réduire de manière significative la quantité d’équipements perdus ou abandonnés dans l’environnement marin », indique M. Nomura, un des responsables de ce rapport.

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LE TRI À LA ROMAINE

Si l’on parle du problème des déchets en Italie, tous les regards se tournent généralement vers Naples. Mais Rome, capitale éternelle, connait aussi des déboires dans ce secteur. 5 million de déchets sont chaque jour produit et une bonne partie se trouve abandonnée dans les rues. Le ramassage des poubelles connait des défaillances et la conscience de la population concernant le tri est très peu développée. Rome se situe sur ce point tout en bas de la liste des villes italiennes. « Io lavoro » – je travaille – répond par exemple une femme dans cette vidéo à la question pourquoi elle ne trie pas, une jeune fille n’arrête pas à parler dans son téléphone avant de lancer qu’elle n’a rien à cirer de l’environnement tandis que les commerçants se renvoient la balle confrontés à des cagettes qui ne peuvent que venir d’un d’eux. Le constat est plutôt accablant….
Il n’est donc pas étonnant que parmi les grands dossiers auxquels la toute nouvelle mairesse de Rome, Virginia Raggi, a promis de s’attaquer figure le problème des déchets qui ternissent l’image de la ville et exaspèrent les habitants.

LE CHASSEUR DE MÉGOTS

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Blogstory vous invite à rencontrer un Monsieur qui veut que ça bouge Lire la suite

MANGE TA CUILLÈRE!

Voilà ce que les mamans indiennes peuvent maintenant dire à leurs gamins.

Les couverts jetables sont – curieusement – un des grands problèmes de déchets en Inde. Plastique est de toute façon un fléau dans un pays où les 60 grandes villes produisent  15.000 tonnes de déchets plastiques par jour. Ces déchets atterrissent ensuite dans les caniveaux qu’ils bouchent ce qui provoque des inondations…

Change is inevitable. Before this change can overtake and overwhelm us, we should be the instruents of change (Le changement est inévitable. Soyons les instruments de ce changement avant que celui-ci nous dépasse et nous écrase)

L’homme dont c’est la devise est Narayana Peesapathy. Chercheur à l’International Crops Research Institute for the Semi Arid Tropics (CRISAT) et à l’International Water Management Institut, collaborateur à l’Andhra Pradesh Water Land Tree Act, ce scientifique a décidé de créer son propre entreprise pour développer des solutions innovantes qui répondent aux problématiques environnementales croissantes. S’investir dans l’écologie n’est pour lui pas contradictoire avec un modèle économique profitable.

Sa société Bakeys a donc lancé des couverts comestibles. Les cuillères et fourchettes sont fabriqués à base de millet – une culture très économe en eau – de riz et de blé. Ni colorant, ni conservateur sont ajoutés mais des épices (sucre, gingembre, poivre, ail…) pour rendre les couverts agréables à manger.

Si toutefois un couvert n’est pas croqué mais jeté, il se décompose en moins d’une semaine, bien stocké il se garde pendant trois ans. Et oui, on peut aussi l’utiliser pour des liquides (sans les laisser tremper trop longtemps).

Alors pour nos piqueniques en été…. Chéri, tu me sers une petite cuillère au cumin pour l’apéro?

 

SERVICE PUBLIC SELON ALLADIN

Service public en latin se dit « Probono publico » et c’est le nom que porte le collectif autour d’Aladdin Charni, fondateur du Freegan Pony.

C’était en discutant avec une amie que ce squatteur et adepte d’un style de vie alternatif, a eu une idée formidable: ouvrir un restaurant, ou plutôt une cantine participative, où l’on sert des produits invendus dans l’esprit du Freeganisme, mouvement apparu aux États Unis à la fin des années 1990.

Le freeganisme (en anglais freeganism), ou gratuivorisme, est un mode de vie alternatif qui consiste à consommer principalement ce qui est gratuit et végan pour créer des réseaux d’entraide qui facilitent ce choix afin de dénoncer le gaspillage alimentaire  et la pollution  générées par les déchets mais aussi les problèmes de transports (transport écologique), du travail (réduction du temps de travail) et du logement (réquisition citoyenne) dans la société occidentale. (Wikipedia)

Dans un grand local de 500 m2 près du Périphérique et de la Porte de Villette, meublé avec des objets trouvés chez Emmaüs, les Parisiens peuvent chaque weekend déguster un menu concocté avec des fruits et légumes invendus récupérés à Rungis. A cet endroit il faut louer l’imagination du chef qui doit donc improviser selon les ingrédients une fois Aladdin et ses complices revenus de leur virée à Rungis.

Le concept plait énormément et les réservations marchent tellement bien que pendant un certain temps les concepteurs ont du cacher leur adresse pour ne pas être submergés par des afficionados d’une cuisine goûteuse et généreuse à bas prix dans une ambiance conviviale et chaleureuse.
La lutte contre le gaspillage alimentaire motive de plus en plus surtout la jeune génération citadine. En Allemagne l’application  « Too good to go » permet aux restaurateurs d’inscire peu avant fermeture ce qui leur reste. Le client peut consulter selon plusieurs critères (temps de fermeture, lieu, prix) avant de réserver les plats qu’il souhaite récupérer, il paye directement par carte de crédit ou PayPal et vient ensuite les chercher. Sur place les repas sont mis dans des boîtes en carton – dans un deuxième temps il est prévu d’utiliser des boîtes en métal réutilisables – et l’heureux client part avec un bon repas à un prix modique tandis que les restaurants ne sont pas obligés à jeter à la poubelle des plats préparés avec soin. Une centaine de restaurants, surtout à Berlin et à Hambourg, a déjà souscrit à cette mise en relation et d’autres suivront.

MÂNORE + ANDOVAST

= MÂNDOVASTE ou « fait main » en roumain et en romani.

L’atelier mândovaste est un beau projet destiné à donner à des femmes rom la possibilité de créer une activité et avoir des revenus pour améliorer leur vie voire de sortir de leur bidonville à Montreuil, en banlieue parisienne. C’est un moyen pour elles de s’émanciper et de prendre leur destin en main mais aussi de développer leur créativité et d’acquérir des compétences.

Sept femmes se sont regroupées après avoir suivi des ateliers proposés en 2015 par le collectif Cochenko (qui malheureusement n’existe plus) avec l’envie de produire localement de beaux objets et accessoires à partir de matériaux de récupération par des procédés low-tech. Elles ont aussi appris à prendre des décisions toutes ensemble, de développer des produits elles mêmes et de commercialiser leurs réalisations. C’est justement ce que le terme – intraduisible – « d’empowerment » veut dire: prendre le pouvoir sur sa propre vie, avoir confiance en ses compétences, ne pas seulement répondre à des incitations mais proposer et décider soi-même.

L’atelier Mândovaste produit des objets pour la maison et le voyage en utilisant des matières premières issus du recyclage (tissus, chiffons, sacs plastiques…) en ajoutant un savoir faire traditionnel – broderie, crochet, couture – inspiré par l’imagerie folklorique des Balkans.

Une première commande de la marque très chic et fashion Facteur Céleste est une belle récompense pour ces femmes.

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ÇA NE SENT PAS LE JASMIN

On se rappelle encore que la révolution tunisienne qui a déclenché le « Printemps arabe » – malheureusement devenu un hiver impitoyable dans d’autres pays – fut nommée « la révolution du jasmin ». Depuis la Tunisie est le seul pays qui a vu un gouvernement démocratique émerger et peut, grâce à une classe moyenne instruite et engagée, espérer à juguler les multiples dangers qui guettent encore ce renouveau.

Un de grands problèmes auquel le gouvernement doit s’atteler d’urgence est l’environnement. Une désorganisation des services administratifs après la chute de Ben Ali a eu des conséquences qui ont fortement impacté la qualité de vie des Tunisiens. Habib Essid, le Premier ministre en personne, en a convenu devant le parlement.

L’environnement est la première victime de la révolution», affirme le militant écologiste Abdelmajid Dabbar. Ainsi, dans les municipalités, le ramassage des déchets ne se fait plus de façon efficiente. De simples «délégations spéciales» ont été constituées après la révolution pour gérer les affaires courantes.

Et là où l’administration ne propose pas de solutions et n’en s’occupe que peu, un triste laisser-aller s’est généralisé. Des détritus jonchent les rues, les sacs plastiques – ce fléau du monde entier – défigurent les paysages, le recyclage n’est qu’un vœu pieux. Chaque année les 11 millions de Tunisiens produisent plus de 2 millions de tonnes de déchets. Environ 80% des déchets ménagers sont enfouis dans une quinzaine de sites qui sont arrivés à la limite de leurs capacités tandis que le reste se décompose (ou pas) dans des « décharges anarchiques » comme l’affirme le ministère de l’Environnement.

Si les administrations portent une part de responsabilité, «le citoyen est le premier responsable de la détérioration de la situation environnementale», accuse Abdelmajid Dabbar, cité par l’AFP.

Au début de l’année la photo d’une pelouse dans un parc « noyée » sous des sacs en plastique a fait le buzz sur les réseaux sociaux. Près d’un milliard (!) de sacs en plastique – non recyclables – sont utilisés chaque année en Tunisie. Depuis le Parlement a passé une loi qui sanctionne le dépôt anarchique de déchets (de peines peuvent aller jusqu’à l’équivalent de 400 euros et même à des peines de prison de 3 mois!) et travaille sur une autre loi pour interdire la fabrication et la distribution des sacs plastiques non recyclables. Malgré ces décisions qui vont dans la bonne direction, les écologistes restent sceptiques. Face à d’autres problèmes considérés comme plus urgent – les attaques djihadistes et la lutte contre le terrorisme – l’environnement passe au second plan.

Et même si les nouvelles directives sont appliquées, il est tout aussi nécessaire de sensibiliser la population à ces sujets. Sur Facebook des groupes de citoyens engagés s’activent inlassablement pour changer les mentalités et convaincre les gens à participer à une meilleure gestion des déchets. Il y a par exemple le groupe « On a été embêté pour vous » :

Le groupe pour La Nouvelle Culture Citoyenne en Tunisie  » On a été embêté pour vous بدّل السّلوك تتبدّل العقلية  » est un un groupe sur réseaux sociaux, patriote, agissant pour changer les choses dans ce pays.

Le groupe en est à 10 éditions de l’action citoyenne mensuelle « Je nettoie ma rue et je la maintiens propre » au niveau national, et d’autres actions telles que  » Un arbre, un citoyen  » et  » Dénonçons les écoles à environnement sale « . Il a récemment produit sa première vidéo citoyenne de dénonciation des facultés sales et organisé deux actions spécifiques: « Je nettoie mon patrimoine  » et  » Je nettoie ma plage ». Un Challenge des Municipalités est en cours d’organisation et beaucoup d’autres actions suivront.

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Autre groupe FB qui ne cesse de (se) mobiliser s’appelle « Pour l’interdiction des sacs plastiques en Tunisie » et se décrit ainsi:

Ce groupe est dédié à l’écologie, tout particulièrement en Tunisie, et par le monde.
Il soulève les problèmes environnementaux, et propose des actions à mener.
Ce groupe ne représente aucun parti politique et est indépendant.
Sa 1ère action est ; l’interdiction des sacs plastiques sur tout le territoire Tunisien, d’autres suivront.
 La question des déchets et plus généralement de l’environnement a partout dans le monde besoin de deux axes d’untervention pour arriver à des solutions: une politique à long terme conscient des enjeux qui dépassent les périodes électorales tout comme des clivages gauche/droite et l’implication active de chaque citoyen responsable de ses pratiques et se sentant concerné directement.
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