TOUT EST BON DANS…LA BANANE

L’Ouganda est, comme d’autres pays d’Afrique, menacé par la déforestation due à l’utilisation du bois et/ou du charbon de bois pour la cuisson des aliments. Le charbon cause partout dans le monde des dommages environnementaux importants: tous les 3 secondes disparaissent l’équivalent de 36 terrains de foot de forêts dans le monde, la pollution de l’air cause 7 millions de morts par an (source: OMS)…

En Ouganda une famille pauvre utilise presque la moitié de leurs revenues (0,8 $) pour acheter du combustible. Le charbon de bois, produit d’une façon peu efficace où presque 80% de l’énergie sont perdus, chauffe des petits poêles qui à leur tour sont très gourmands en combustible pour un résultat moins que médiocre. Ce charbon de bois est en plus cher et contribue ainsi à enfermer les personnes pauvres dans leur dénuement en les privant d’investir dans l’éducation de leurs enfants ou des soins médicaux.

Face à ce constat deux Français, Vincent Kienzler et Alexandre Laure, on relevé le défi. Installé à Kampala, la capitale de l’Ouganda, ils ont fondé leur entreprise « Green Bio Energy » pour produire un combustible renouvelable, bon marché et moins nocif. Le résultat de leurs recherches s’appelle « Briketi ». Pour cela on collecte des peaux de bananes – un des ingrédients principaux de la cuisine ougandaise – et d’autres déchets organiques directement chez les habitants. Les peaux sont ensuite débarrassées de résidus (feuilles…) et étalées pour sécher au soleil. Dans un bidon on les réduit ensuite en cendres et une fois refroidies les mélange avec un peu de farine de manioc diluée. Avec la pâte ainsi obtenue une machine très simple moule des briquettes.

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La matière première, des déchets organiques, est simple à se procurer, le temps de consommation des briquettes est deux fois plus long que celui du charbon de bois traditionnel et – cerise sur le gâteau! – ces « briqueti » ne dégage ni fumé ni suie… Résultat: la pression sur les forêts diminue, la santé des utilisateurs est préservée et les dépenses pour le combustible baissent.

L’entreprise a aussi développé des poêles très simples mais plus efficaces se basant sur des techniques occidentaux et le savoir-faire local et les machines pour mouler les briques peuvent être adaptées aux besoins individuels, c’est à dire une famille (ou une épicerie, un commerce quelconque) peut produire sur place. Des stages ont été mis en place pour sensibiliser les gens aux questions environnementales tout comme des formations plus poussées comme le management d’une micro-entreprise, les bases de comptabilité et de marketing etc.

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PENSEZ À METTRE VOS CADAVRES À DISPOSITION DE NOTRE AGENT DE COLLECTE

Les dernières vidéos choquantes des abattoirs hantent encore la toile. mais en dehors de ces atrocités est-ce que nous nous avons déjà posé la question ce que devient un animal mort ou plutôt les parties qui ne terminent pas dans nos casseroles et assiettes?

En 2014 le Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (Sifco) a récolté 3,2 million de tonnes de « résidus » auprès des abattoirs, dans les élevages et chez les bouchers: plus de 835.000 t provenant de ruminants, 913.000 t de volailles, 540.000 t des porcins et 61.000 de poissons. Grâce aux fermes aux mille vaches et autres aberrations ces tonnages progresseront à l’avenir et procureront des revenues confortables aux filières impliquées.

Je suis navrée de le dire, mais une grande quantité (556.000 t) des protéines ainsi récupérés (p.ex. farine d’os) sert à nourrir nos compagnons poilus, 50.000 t sont destinées à rendre les poissons et autres animaux d’élevage plus gras, 36.000 t sont transformées en fertilisants, 29.000 t sont englouties par nous (gélatine – bonbons! – , charcuterie et autres préparations alimentaires) et 93 t servent à produire de l’énergie de proximité par exemple pour les cimenteries.

On ne récupère pas que les protéines mais aussi des corps gras, 389.000 t en 2014. Et de cette matière première la plus grande partie est utilisée par l’industrie cosmétique: 188.000 t (qui se cachent par exemple derrière le terme « tallowate de sodium ») servent à fabriquer savons et autres crèmes. 83.000 t sont mangées par poissons et animaux d’élevage et 49.000 t par nos minettes et milous, 42.000 t se retrouvent dans la nourriture pour humains (friture, saindoux…) et 26.000 t font marcher les moteurs de nos véhicules, surtout si l’on fait le plein dans les pompes à essence d’Intermarché.

Le secteur de l’équarrissage, qui assure la collecte des animaux morts trouvés dans les exploitations et des résidus d’animaux à la sortie des abattoirs et ateliers de découpe, opèrent la séparation des viandes, os et graisses, puis les commercialisent, est assez méconnu du grand public. Quatre grandes entreprises se partagent aujourd’hui ce marché – très lucratif – en France. Et ils ont encore des beaux jours devant eux, et ceci non pas seulement grâce aux élevages de plus en plus industriels où la mortalité risque de grimper aussi mais grâce à mes « amis », les sénateurs qui, dans un amendement de janvier 2015, souhaitent promouvoir la filière des biocarburants parce qu’elle « offre d’importants débouchés aux graisses animales issues d’abattoirs qu’elle transforme en déchets et participe de ce fait au concept d’économie circulaire »!

Merci à Basta! qui m’a inspiré ce post et au rapport de Sifco.

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FAIT MIEUX

C’est quasiment une suite à mon post d’hier sur les lacunes dans le recyclage des déchets en France. Tandis que la paresse et le je m’en foutisme de la plupart des gens – et aussi de responsables politiques – priment, un pays scandinave se débrouille mieux et comme il est malin, sait transformer les déchets que les autres ne savent/veulent pas trier en matière première…

Moins de 1% des déchets ménagers suédois arrive dans les décharges. Tout n’est pas recyclé, même si beaucoup l’est, mais 2 million tonnes de ces ordures sont brûlées et fournissent de l’énergie. Une énergie renouvelable car la fin des déchets n’est pas pour demain, quoi que… La Suède importe entretemps ce combustible sorti de nos poubelles, un service rendu qui se paye évidemment.

http://www.filmsforaction.org/watch/sweden-is-now-recycling-99-percent-of-its-trash-heres-how-they-do-it/

Brûler n’est pas recycler, c’est certain. Tout aussi qu’il faut surtout diminuer les ordures et que l’effet pervers de cette technique peut justement être de produire encore plus de matière à brûler donc plus de déchets. La toxicité des fumées est aussi à prendre en compte mais les décharges qui existent dans la plupart d’autres pays est pour sûr une très mauvaise solution, voire une bombe à retardement.