LECTURES

Robert The

BERTOLINI, Gérard, 2006, Le déchet, c’est les autres. Collection « Même pas vrai », Ramonville Saint-Agne, Editions érès (ISBN 2-7492-0650-2) – Les déchets sont source de psycho-socio-pathologies. Ils sont objets de répulsion pour beaucoup (pouvant aller jusqu’à des phobies et des troubles obsessionnels compulsifs), mais aussi, à l’inverse, d’attraction pour d’autres. Ce livre vise à montrer que le déchet « absolu » n’existe pas, qu’il faut relativiser, et que le rebut est susceptible d’être transformé en ressource; que la répulsion résulte d’un ordre social et mental construit, qui comporte une part d’arbitraire, et que l’attraction, lorsqu’elle n’est pas instinctive, s’inscrit en réaction contre cet ordre. L’enjeu consiste à rendre le déchet tolérable, acceptable, ce qui passe par une réappropriation psychosociologique.

DECKER, Julie (éd.), 2014, Gyre – The Plastic Ocean. Londres, Booth-Clibborn (ISBN 978-1-86154-355-4) – Les articles de ce livre se penchent sur la consommation, les matériaux modernes, les changements environnementaux et leur impacte sur l’élément le plus grand, le plus mystérieux et le plus menacé de notre monde: l’océan. Des scientifiques, des artistes et des écrivains explorent comment nos actions individuelles nous connectent tous aux déchets et à l’océan.

FLOOD, Catherine & Gavin GRINDON (éd.), 2014, Disobedient Objects. London, V&A Publishing,  (ISBN 978 1 85177 797 6) – Catalogue de l’exposition éponyme au Victoria & Albert Museum. Consacré à la désobéissance civique, ses formes d’activisme, ses stratégies et manifestations cette exposition montrait les objets qui y sont utilisés:  banderoles et barricades, affiches et installations, vêtements et détournements… « Necessity breeds ingenuity » (la nécessité favorise l’imagination) est un fait. Recyclage et transformation d’objets font donc partie intégrante dans les campements d’opposants ou, plus largement, dans tous les manifestations où l’on doit se procurer le nécessaire sans avoir beaucoup de moyens économiques ou matériels à disposition. (ECK)

FLORIN, Bénédicte, 2010, « Réforme de la gestion des déchets et reconfigurations des territoires professionnels des chiffonniers du Caire », in:  Géocarrefour, Vol. 85/2, p. 109-118  – L’existence des chiffonniers remonte au XVIe siècle. Une liste de corporations les associent à des métiers utiles tel que porteurs d’eau ou portiers. Toutefois, depuis 1670, ils se retrouvent dans le groupe des « corporations exécrables et impies ». Il y a d’abord eu des musulmans qui se nommaient Wâhiya et qui avaient accès aux déchets des maisons en ayant payé un droit d’accès. Dans les années 30, l’arrivée de migrants coptes modifie l’organisation de la collecte des déchets. Ces derniers achètent des déchets organiques pour nourrir leurs cochons au Wâhiya. Puis, après négociations et avec une taxe, ils finissent par remplacer les Wâhiya en collectant par eux-mêmes les déchets via le porte à porte. L’organisation communautaire des zabbâlins vit une stigmatisation. Le 1er facteur d’unité et d’identité chez les zabbâlins est d’abord religieux puisque la majorité est copte. Il y a aussi leur origine géographique (Haute-Égypte) et le 3ème et la promiscuité avec les cochons «  symbole de l’impur dans le monde musulman. La saleté et l’odeur des déchets est le qualificatif même « zabbâl » (poubelle, ordure). Il y a aussi la marginalisation spatiale puisque les zabbâlins habitent aux lisières de la ville. En regroupant toutes les donnés, il y aurait environ 100 000 zabbâlins qui, d’après les associations, collecteraient entre 3000 et 5000 tonnes essentiellement dans les quartiers des classe moyennes et aisés. La décision en Égypte de déléguer la gestion des déchets au secteur privée a été mise en vigueur en 1999. Alexandrie signe en 2000 avec la compagnie Veolia Environnement. Une crise en résulte pour les zabbâlins qui doivent alors se reconvertir dans des emplois avec les compagnies privés qu’engagent la ville (les exigences sont grandes pour ce type d’emplois, ils doivent savoir lire), ou passer plus tôt le matin pour récupérer le plus possible tout en restant discret vu désormais l’illégalité de leurs actions. Il y a aussi l’apparition des Biffins qui sélectionnent les déchets qu’ils veulent sur place et remettent dans les bennes ce qui ne les intéressent pas au lieu de trier tout comme auparavant. Cette décision de donner la gestion des déchets à des compagnies privées a accentué les écarts entre les zabbâlins. Certains peuvent se payer des pick-ups (ils amassent alors plus d’objets), alors que d’autres ont seulement des ânes ou juste un sac. De plus, ceux qui pouvaient lire et écrire on pu se faire engager par les compagnies alors que c’était impossible pour les autres. Puis, la crise du cochon en 2009 liée à la grippe H1N1 a mené à l’abatage de 300 000 porcs qui étaient la principale source de revenus des zabbâlins. Cela a porté comme un coup fatal à la communauté. Puis, le gouvernement égyptien a finalement admis, en 2009, que les zabbâlins étaient indispensable au maintien de la propreté du Caire. (CL)

KLIMA, Ivan, 1990, Amour et ordures. Paris, Seuil. Traduit du tchèque par Claudia Ancelot (Laska a smeti, 1988) – Dans le Prague des années 1980 un écrivain tombé en disgrâce se trouve balayeur de rues. Tous les matins il met sa veste orange, prend son balai et arpente les rues de la ville en cherchant ses souvenirs tout comme les déchets. C’est aussi l’histoire d’un homme déchiré entre deux femmes et dans l’impossibilité de faire des choix. La critique a loué ce livre largement autobiographique comme le roman le plus important sur la Tchécoslovaquie d’avant Vaclav Havel. (ECK)

KUSZTASCHER, Jutta, 2006, Müll erzählt. Die Kulturgeschichte des Abfalls in Südtirol. Insbruck/Vienne/Bolzano, Studien Verlag (ISBN 3-70654355-9 / 978-3-7065-4355-2) – Les ordures sont une thématique dans l’actualité. Ils menacent l’environnement et l’image des paysages. Ils sont à l’origine de querelles entre partis politiques, hommes et femmes politiques et la population. Ils provoquent chez les écologistes une critique de la société. Ils lancent en permanence des défis à la recherche et à la technique pour trouver des moyens plus efficaces de s’en débarrasser. Les entreprises sont contraints de tenir des listes, ils demandent un travail supplémentaire et pénible et donnent aux citoyens sans cesse des raisons de mécontentement. Mais les ordures font partie de notre vie, ils reflètent notre quotidien et notre niveau de vie, ils changent avec nos habitudes. Le livre s’appuie sur des exemples concrets et des images pour raconter comment en Tyrol du Sud les ordures ont changé et notre vie avec du début du 20e siècle jusqu’à aujourd’hui.

PICHON, Jérémie & Bénédicte MORET, 2016, Famille (presque) zéro déchet – ze guide. Osez le mode de vie durable qui fait du Bien. Vergèze, Thierry Souccar éditions (ISBN 978-2-36549-187-7) – Réduire ses déchets pour la planète, pour sa santé, pour le porte-monnaie, c’est le moment ! Mais comment s’y prendre ? En marchant dans les pas de Jérémie et Bénédicte. Ce livre, à la fois carnet de bord pas triste, et guide pratique, vous mènera au but en vous épargnant bien des pièges ! Avec humour et autodérision, les auteurs vous proposent un plan d’action détaillé et 10 défis Zéro Déchet pour vous lancer. En s’appuyant sur leur connaissance de l’écologie, ils livrent des centaines de conseils pratiques et d’alternatives simples pour le quotidien : courses, cuisine, nettoyage, mobilier, hygiène, maquillage, vêtements, jardin, bricolage, festivités… Car les déchets sont partout ! Ce que vous allez gagner : l’amélioration de votre écobilan familial (1 poubelle de 15 L pour 1 mois), moins de toxiques et de sacrées économies. Plus le sentiment exaltant d’être acteur de sa vie, de sa santé, de créer du lien, de toucher à l’essentiel.

SCANLAN, John, 2005, On Garbage. Londres, Reaktion Books (ISBN 1-86189-222-5) – Cette approche très originale de la thématique des ordures de notre société peut être considérée comme le summum d’un « ébouage intellectuel ». « Ordures » selon John Scanlan, c’est bien plus que seulement des rebuts matériels ou les effets dévastateurs sur l’environnement. Pour l’auteur ce terme englobe aussi des chaînes de savoir rompues, des concepts inutiles et les vestiges de théories intellectuelles. Le livre montre comment la philosophie, les sciences et les technologies occidentaux ont maitrisé la nature à travers un nettoyage perpétuel qui ne se résume pas simplement dans l’abandon de savoirs inutiles et d’objets en trop mais plus généralement dans la séparation de l’humain et du naturel, une pratique qui était le moteur de la civilisation occidentale pendant des millénaires. Dans ce livre l’auteur montre pourquoi les « ordures » – les restes « détachées » de notre progrès – sont, tout au contraire, la source de tout ce qui a une valeur. En éclairant la nature et l’étendu des ordures que nous avons créées  il nous offre un regard nouveau sur les vérités acceptées et les structures profondes de la culture occidentale. Selon lui nous pouvons  comprendre les conditions de notre vie actuelle seulement si nous examinons ce que nous avons jetés.

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