(PLUS D’)UNE BOUTEILLE À LA MER

On connait les bouteilles contenant des mots doux ou d’autres messages jetées à la mer ou des bateaux dans une bouteille insérés par des bricoleurs patients et minutieux. Mais connaissez vous les bateaux faits à partir de bouteilles?  Pas de bouteilles en verre mais en plastique car c’est plus facile à assembler.

Voilà l’histoire d’une invention ingénieuse de jeunes pêcheurs de Gaza. Ne trouvant pas des moyens pour construire et réparer leur barques habituelles suite à l’embargo qu’Israël inflige à cette population depuis une soixantaine d’années et donc privés d’une ressource alimentaire, les jeunes hommes futés ont eu une idée: rassembler des bouteilles en plastique vides et ainsi construire une barquette.

Et ça marche!

Et si vous aussi voulez construire votre bateau, voilà un lien vers un site de DIY (« do it yourself ») pour vous guider: http://monbateaurecycle.com/

DES DÉCHETS AU MENU

Les dirigeants du monde, habitués aux meilleurs restaurants, ont eu une délicieuse surprise dimanche aux Nations unies: un repas entièrement conçu à partir de denrées alimentaires issues de surplus de la grande distribution. Deux chefs leur avaient concocté un déjeuner entièrement fait de nourriture qui autrement serait partie à la poubelle, une façon de souligner le gâchis incroyable de l’alimentation moderne et son rôle dans le changement climatique. Le menu du déjeuner, au siège de l’ONU à New York, était composé d’un hamburger végétarien fait à partir de la pulpe de fruits pressés, qui est habituellement jetée. Le hamburger était accompagné de frites, créées avec le maïs riche en amidon qui sert généralement à nourrir les animaux. « C’est le repas typique américain, mais complètement bouleversé. Au lieu du boeuf, nous allons manger le maïs qui nourrit le boeuf« , a expliqué à l’AFP Dan Barber, un chef new-yorkais qui possède le restaurant Blue Hill. « Le défi est de créer quelque chose de vraiment délicieux, à partir de ce que nous aurions autrement jeté« , a-t-il ajouté. M. Barber avait conçu le menu avec Sam Kass, ancien chef de la Maison Blanche, qui était à la tête de la campagne anti-obésité « Bougeons » de la Première dame Michelle Obama. Sam Kass avait réfléchi à ce concept d’un menu fait de déchets dans la perspective de la grande conférence sur le climat prévue à Paris à la fin de l’année. « Tout le monde, de façon unanime décrit ces négociations comme les plus importantes de notre vie« , dit-il. Mais les déchets alimentaires « n’étaient pas discutés à ce stade, à part dans de petits cercles restreints« , ajoute-t-il.

Faire évoluer la culture alimentaire

Des dizaines de dirigeants mondiaux ont participé à ce déjeuner, co-présidé par les présidents français François Hollande et péruvien Ollanta Humala, dans le cadre du sommet sur le développement organisé sur trois jours à l’ONU, avant les discussions à Paris. L’ONU invite rarement des chefs extérieurs, mais avait dérogé à cette habitude pour MM. Kass et Barber, en dépit des mesures de sécurité renforcées pour l’Assemblée générale. Selon des chiffres de l’ONU, 28% des terres agricoles dans le monde servent à produire de la nourriture qui est jetée ou gâchée. Les pertes chaque année sont équivalentes à 3,3 milliards de tonnes carbone, ce qui, si les déchets alimentaires étaient un pays, en feraient le plus gros émetteur après la Chine et les États-Unis. « C’est juste impensable, l’inefficacité de notre système, quand vous pensez à quelque chose de cette magnitude« , ajoute Sam Kass. Plus tôt cette année, M. Barber a ouvert un restaurant éphémère, à New York, basé sur des déchets alimentaires. « L’idée d’un repas à base de déchets n’aurait pas pu exister au 18e siècle« , estime-t-il. « La conception d’une assiette de nourriture dans le monde occidental génère beaucoup de gaspillage parce que nous avons les moyens de ce gaspillage« , ajoute-t-il. Ce gaspillage est encore plus important aux États-Unis, qui a de grandes ressources agricoles. M. Barber espère que des événements comme ce déjeuner pour les chefs d’État feront graduellement évoluer la culture alimentaire. « Le but à long terme serait de ne plus (pouvoir faire) un repas à partir de déchets« , juge le chef. « Vous n’y arrivez pas en faisant la leçon, vous le faites par hédonisme, en préparant à ces dirigeants un repas délicieux, qui les fera réfléchir et passer le mot« , conclut-il.

(Article paru dans « Alimentation générale – La plateforme des cultures du goût »)

LILLE EN FANFARE

30 minutes – c’est le temps qu’un gobelet en plastique est resté par terre à Lille et puis….

Idée pour un « flashmob » à Marseille? Mais il va falloir certainement se munir de plus de patience!

TRASH + CROCHET = TROCHET

Quand on parle de l’Arabie Saoudite on pense à pétrodollars, femmes sans visages enveloppées dans du noir, pèlerins à la Mecque, chaleur suffocante…

Certes ceci existe tout comme un blogeur menacé de torture, des femmes en prison pour vouloir conduire et d’autres côtés sombres et peu engageantes de ce pays. Mais il y a aussi – il n’y a jamais que du noir – un vivier de jeunes gens créatifs et plein d’humour. Je me souviens par exemple de vidéos vues à la Biennales de Venise, des courts métrages désopilants (amusez vous en regardant Hishaam Fagheeh & Friends dans « No woman no drive »)

Bref, Jeddah est une ville vivante et innovatrice (un peu à l’opposé de Riyad) et c’est là où je vous amène aujourd’hui. C’est ici où une conférence sur l’impact catastrophique du plastic sur l’environnement a alerté, une jeune femme, Diana Rayyan. Tout d’abord elle a milité en divulguant tout ce qu’elle avait appris sur ce fléau avant de décider de prendre les devants et lancer un projet plus ambitieux. Son idée était d’apprendre à des femmes défavorisées la technique du crochet et de fabriquer ensuite des objets avec des fils obtenus en recyclant les sacs en plastic qui pullulent partout.

Même si au début la plupart de gens étaient sceptiques voire hostiles à l’utilisation de ce « trash », Diana ne s’est pas laissée détourner de son projet. Elle a trouvé son alter ego, son « creative guru« , en Ishrat Khawje, jeune designer qui a un blog autour du crochet mais aussi de recettes et d’autres travaux manuels sympathiques: http://fruitfulfusion.blogspot.fr/

Un crowdfunding sur une plateforme de financement participatif a ensuite permis de réunir les 5.000 $ nécessaires pour louer une petite usine où former les femmes et stocker les sacs.

50 femmes crochètent « hip, trendy, must-have products for the globally oriented and environmentally aware city dweller« : sacs pour la plage, tapis de yoga, boules contre les stress, « beanbag chairs » (notre fatboy)…

Les deux initiatrices espèrent développer leur production et pouvoir embaucher encore plus de femmes tout comme débarrasser les paysages et villes de leur pays de ces sacs plastics envahissants.

CALANQUES PROPRES

Mer Terre vient de publier le résumé de la dernière campagne de nettoyage des côtes.

1.039 bénévoles (60 structures) se sont réunis le 23 mai dernier pour ramasser ce que certains laissent derrière eux par manque de conscience, paresse, bêtise ou je-m’en-foutisme… sur le littoral de Martigues, Marseille, Cassis et La Ciotat.

Après une journée de travail voilà 110 m3 de déchets récoltés et quelques conclusions à tirer de ces trouvailles:

  1. Les plages sont régulièrement investies par des gens qui aiment faire la fête, boire un apéro entre amis ou pique-niquer en famille. Mais pourquoi laisser bouteilles vides, cartons et emballages etc. sur ce lieu que l’on a choisi pour sa beauté?? La proposition des organisateurs de la collecte est de sensibiliser plus les fêtards mais aussi d’installer de systèmes de récupération (verre, papier/carton) près des parkings.
  2. Un problème pose aussi l’absence de toilettes publiques. Leur installation permettrait d’éviter couches de bébé, papier souillé et déjections ce que rendrait les plages quand même plus agréable pour les yeux et les nez!
  3. Et voilà les pêcheurs. Sympa de passer la soirée entre potes et de chatouiller la girelle mais ils ne peuvent pas ramener leur bouteilles, cartons de pizza, boîtes d’appâts et fils de pêche?? Une communication adaptée devrait être mise en place…
  4. Et qu’est ce que peut bien se passer dans la tête des gens qui abandonnent dans de criques et des plages leurs encombrants?? Batteries, pots de peinture, carcasses de voiture… Ils n’ont pas compris la nocivité de ses reliquats? Ça ne les gêne pas de défigurer ainsi notre littoral??
  5. Les gentils bénévoles ont aussi ramassé des quantités importantes de déchets ménagers dont une grande partie est recyclable (canettes, bouteilles en plastique, emballages etc. etc.) L’installation de containers peut améliorer la situation mais le plus important semble une vraie PRISE DE CONSCIENCE!

Il y a du pain sur la planche.

Pour en savoir plus http://www.mer-terre.org/ – l’association connait actuellement des difficultés financières, n’hésitez pas à faire un don ou de devenir membre pour les soutenir dans leur engagement infatigable!

FAIT MIEUX

C’est quasiment une suite à mon post d’hier sur les lacunes dans le recyclage des déchets en France. Tandis que la paresse et le je m’en foutisme de la plupart des gens – et aussi de responsables politiques – priment, un pays scandinave se débrouille mieux et comme il est malin, sait transformer les déchets que les autres ne savent/veulent pas trier en matière première…

Moins de 1% des déchets ménagers suédois arrive dans les décharges. Tout n’est pas recyclé, même si beaucoup l’est, mais 2 million tonnes de ces ordures sont brûlées et fournissent de l’énergie. Une énergie renouvelable car la fin des déchets n’est pas pour demain, quoi que… La Suède importe entretemps ce combustible sorti de nos poubelles, un service rendu qui se paye évidemment.

http://www.filmsforaction.org/watch/sweden-is-now-recycling-99-percent-of-its-trash-heres-how-they-do-it/

Brûler n’est pas recycler, c’est certain. Tout aussi qu’il faut surtout diminuer les ordures et que l’effet pervers de cette technique peut justement être de produire encore plus de matière à brûler donc plus de déchets. La toxicité des fumées est aussi à prendre en compte mais les décharges qui existent dans la plupart d’autres pays est pour sûr une très mauvaise solution, voire une bombe à retardement.

PEUT MIEUX FAIRE

Constat accablant: le tri n’avance pas – seulement 30% de nos déchets sont triés en ville…. Écoutez Eric Brac de la Perrière, Directeur général d’Eco-Emballages

MÉMOIRE DES CORPS

« Je marche sur le rivage. J’arpente les grèves, cette frontière instable entre la mer et la terre, ce no-man’s land où s’inscrit le mouvement entre le soi et le monde. Ma collecte: des tissus échoués, chiffons abandonnés par la mer dans le sable, fragments de mémoire, vêtements élimés venus du large, vestiges d’un monde flottant. »

La marcheuse-collectionneuse c’est Cécile Borne qui a grandi sur les côtes bretonnes avant de suivre des études d’arts plastiques et de danse contemporaine à Paris et Londres. En 2000 elle retourne en Bretagne à Douarnenez où elle développe un travail autour de la mémoire et de création autour de tissus échoués. Son passé de chorégraphe se fait sentir quand elle donne corps aux vêtements et haillons de sa collection. http://cecile.borne.free.fr/accueil/index.html

photo Lionel Flageul

Le Port Musée de Douarnenez lui consacre une exposition, « Vestiaires », où ses créations flottent parmi les bateaux ou s’intègrent dans des dispositifs scénographiques en place. C’est mélancolique et beau, souvenirs éphémères de corps qui ont habité ces cirés et chemises, bandes de tissus, bouts d’étoffe devenus tableaux aux couleurs délicates…

« Vestiaires » jusqu’au 20 septembre au Port Musée de Douarnenez, place de l’Enfer, ouvert 10h-12h30 et 14h-18h, fermé le lundi – http://www.port-musee.org/

PAMPERS & CO.

20 milliards de couches culottes sont jetées chaque année dans le monde. En France cela représente 1 million de tonnes ou 9% de nos déchets ménagers. Et les chiffres vont encore grimper suite au vieillissement de la population….

Au Japon le marché des couches culottes pour adultes a quadruplé en 5 ans et a surpassé celui des couches pour bébés. 600.000 t atterrissent dans les décharges nippons où elles sont soit brûlées en dégageant du dioxine de carbone soit enterrées avec une durée de « survie » de 300 à 400 ans.

Tout cela a fait tilt il y a déjà une dizaine d’années dans la tête de Yukihiro Kimura qui y a vu une bonne occasion de joindre sa fibre environnementale à son sens du business. Sans vraiment savoir dans quelle direction aller, il a cherché une solution pour se débarrasser de ses restes peu ragoutants. Depuis il a ouvert sa première usine à l’ouest de Kyoto. Ici arrivent par camion les couches des maisons de retraite – les astronautes ou les camionneurs en portent d’ailleurs aussi et  peut-être que certains se souviennent d’une épisode de « Grey’s Anatomy » ou une opération très longue et compliquée  était sur le programme pendant laquelle les chirurgiens ne pouvaient pas s’éclipser pour aller au petit coin ! Bref, les sacs de couches arrivent à l’usine de M Kimura où ils sont déchiquetés, séchés et compactés pour devenir un combustible vendu aux thermes et spas de la région pour y chauffer les bains.

Un business qui a de l’avenir car les fabricants ont bien mis dans la tête des jeunes parents que le pot n’est pas indiqué avant que l’enfant ne sait pas  lire et écrire (d’accord j’exagère un peu, mais seulement un peu!). On ne voit que mal les mamans revenir en masse vers les couches lavables et de toute façon l’espérance de vie prolongée fera sonner les caisses des producteurs de plus en plus longtemps! Les bains au Japon vont pouvoir rester chaud….

REDUCE – REUSE – RECYCLE – UPCYCLE

Tel est le slogan d’une petite entreprise portugaise, « Garbags ». Ici on recycle toute sorte d’emballage du brick de jus d’orange à la tube de dentifrice, du paquet de chips aux sacs de nourriture pour chien ou chat.

A la tête de cette sympathique entreprise artisanale qui mise sur l’écologie, la qualité et le design est une femme, Tanya. Née à Sintra, près de Lisbonne elle a fait des études d’ingénierie environnemental avant de rouler sa bosse un peu partout. En 2011 l’idée qu’elle nourrissait déjà depuis un certain temps a finalement pris forme, et le premier produit – une tube de dentifrice transformé en plumier a vu le jour. Pour rassembler sa matière première, les gens sont invités à déposer leur déchets recyclables en contrepartie à des remise de prix, d’offres spéciales et des « éco-vouchers » (bons à utiliser dans d’autres enseignes partenaires) mais on collecte aussi dans les bars, cafés, restos ou à l’occasion d’événements.

Six femmes ont pu être employés pour coudre chez elles les sacs, étuis, ceintures etc. qui sont ensuite vendus dans la boutique dans le quartier de l’Alfama. Et Tanya a des projets. A côté de la boutique à Lisbonne et son e-shop elle espère s’installer dans d’autres villes européennes et aider à réduire ainsi partout les déchets en upcyvcling le plus possible et de créer de l’emploi local surtout pour des femmes.

120.000 emballages ont été déjà transformés par ce dynamique entreprise l’équivalent de 55m3 qui auraient sinon atterris dans les décharges, mais ce que souligne Tanya est aussi les liens qui se sont créés et qui transforment peu à peu le voisinage qui était avant un repère de vendeurs de drogue et où maintenant d’autres jeunes entreprises engagées s’installent.

http://www.garbags.eu/